De tortues en aiguilles 2

De tortues en aiguilles 2

Une de mes préférées

Annie Girardot nous a quittés,c'était une de mes actrices préférées, j'adorais voir et revoir son fou-rire communicatif dans

 

 

 

"Cause toujours tu m'intéresses" aux côtés de Michel Blanc et Jean-Pierre Marielle.

 

 

Je mets ci-dessous un article qui m'a touchée:

 

Annie Girardot, une boule d'émotions 

par Marie-Noëlle Tranchant lefigaro.fr/cinema 

  

L'actrice française en mai 1972, lors du festival de Cannes. Crédits photo: AFP

L'actrice française en mai 1972, lors du festival de Cannes. Crédits photo: AFP

 

La maladie d'Alzheimer a emporté la star la plus populaire du cinéma français des années 1970, vedette de Mourir d'aimer et de Docteur Françoise Gailland.

 

«Tu as le plus beau tempérament dramatique de l'après-guerre», avait dit Jean Cocteau à la jeune Annie Girardot, au temps où elle jouait La Machine à écrire à la Comédie-Française. Elle a pourtant failli suivre une autre voie: avant d'entrer au Conservatoire, elle avait commencé des études d'infirmière, interrompues par des problèmes de santé. Née à Paris en 1931, elle était fille d'une sage-femme qui l'a élevée seule, et l'a souvent laissée seule: «Ma mère courait les routes sans arrêt. Je faisais tout à la maison. J'ai toujours su me débrouiller, même à 10 ans… Je ne compte que sur moi», a-t-elle dit. Un lien très fort l'unira toujours à cette mère à la fois absente et fortement présente.

 

Après trois ans au Français, de 1954 à 1957, elle choisit de se consacrer principalement au cinéma. André Hunebelle lui a donné son premier rôle à l'écran dans Treize à table (1956), comédie boulevardière. Elle enchaîne et devient vite une héroïne du ­cinéma populaire, avec son joli minois pointu surmonté d'une tignasse raide, ses yeux dorés et son émotivité gouail­leuse, quelque part entre Zazie et Gelsomina: L'Homme aux clefs d'or, Le rouge est mis, Maigret tend un piège… En 1960, Luchino Visconti, qui l'a dirigée au théâtre dans Deux sur la balançoire, l'emmène en Italie tourner Rocco et ses frères.

 

C'est là qu'elle rencontre l'acteur Renato Salvatori, qu'elle épouse en 1962 et dont elle a une fille, Giulia. Des années plus tard, elle révélera publiquement, mais pudiquement, dans une émission de Patrick Sabatier, les violences qu'il lui a fait subir. Elle en restera marquée pour toujours, moralement et physiquement: un jour, il lui a jeté un cendrier au visage, elle a dû se faire refaire les lèvres. Elle pardonne, continue d'aimer, mais finit par s'en aller.

 

Entre France et Italie, elle mène, dans les années 1960, une carrière « sans discernement», avec des films alimentaires autant qu'il en faut pour offrir ­généreusement la pasta qu'elle aime cuisiner: elle a un côté mamma, le geste nourricier. En elle, tout est tripes et cœur. Et aussi un côté môme, naïf et assoiffé, impulsif et vulnérable. Tout est désir, déception, ­bagarre, espoir.

 

On trouve aussi beaucoup de grands noms chez ses metteurs en scène: Alexandre Astruc (La Proie pour l'ombre, 1961), Mario Monicelli (Les Camarades, 1964), Roger Vadim (Le Vice et la Vertu, 1963), Marco Ferreri (Le Mari de la femme à barbe, 1964), Philippe de Broca (Un monsieur de compagnie, 1964), Marcel Carné (Trois chambres à Manhattan, 1965).

 

En 1967, Claude Lelouch la relance dans le circuit grand public avec l'excellent Vivre pour vivre. Suivent deux comédies insolentes, Erotissimo, de Gérard Pirès (1968), et Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais… elle cause!, de Michel Audiard (1969). Mais c'est André Cayatte qui lui offre son plus gros succès, en 1970, avec Mourir d'aimer, inspiré d'un fait divers. Elle y interprète Gabrielle Russier, enseignante qui a défrayé la chronique par sa liaison avec un de ses élèves. Elle émeut la France entière: «À partir de ce film, j'ai compris que le cinéma était quelque chose de grave lorsque les gens se sentent concernés par un personnage ou un événement.» Le mélodrame convient à merveille à sa sincérité, à son naturel, à son besoin d'amour, viscéral. C'est une star de la vie quotidienne: «D'ailleurs, la vie, le cinéma, je ne fais pas de différence. Je suis incapable de tenir des rôles qui ne correspondent pas à ce que je sens ou veux réellement. Je lutte assez dans ma vie personnelle pour être simple, directe, propre, et avoir avec les gens des rapports positifs. Je ne veux pas travailler en sens inverse au cinéma.»

 

Après La Gifle, elle retrouvera un personnage courageux et pathétique dans Docteur Françoise Gailland, de Jean-Louis Bertucelli, qui bouleverse les spectateurs et réjouit les producteurs: cette histoire d'une femme médecin qui se découvre atteinte d'un cancer bat des records d'entrées en 1976, et vaut à Annie ­Girardot le césar de la meilleure actrice. Est-ce la fin des années difficiles? Elle a 44 ans et une cinquantaine de films à son actif, dont une quantité acceptés «uniquement pour payer les factures». «Travailler, courir, payer, travailler, voilà ma vie pendant des années», confie-t-elle. Elle est chérie du public, mais son destin restera chaotique. Il lui reste des claques à prendre, des ruines à subir, qu'elle ensoleille de son goût de ­vivre: malgré tout, elle est toujours prête à repartir.

 

Contre vents et marées

En 1981, La vie continue, de Moshe Mizrahi, la réunit à sa fille, Giulia Salvatori, pour conter ensemble une histoire de deuil et de réconciliation avec l'existence. Puis, c'est avec son compagnon, Bob Decout, qu'elle travaille. L'amour se mêle toujours au métier. Leur spectacle au Casino de Paris, Revue et corrigée, en 1982, est un flop terrible. Le couple doit essuyer des critiques humiliantes, mais Annie, bravement, se bat pour que Bob Decout puisse réaliser ses films dont Adieu blaireau. Elle reste une amoureuse, contre vents et marées.

 

Une fois encore, le fidèle Lelouch la relance grâce aux Misérables, qui lui vaut un césar du second rôle en 1996. Elle en obtiendra un autre pour le dernier film qui lui a donné du courage et du bonheur, ces mots qui lui vont si bien, La Pianiste, de Michael ­Haneke. Quand elle y joue la mère d'Isabelle Huppert, en 2000, on la sait atteinte de la maladie d'Alzheimer. Longtemps, des rumeurs ont couru: on la disait alcoolique à cause de sa démarche hésitante, de ses trous de mémoire. Elle continuait vaillamment à interpréter en tournée sa pièce fétiche, soutenue par Giulia, qui a raconté son calvaire dans un livre plein de tendresse bouleversée, La Mémoire de ma mère (Michel Lafon).

 

Avec son tempérament à la fois volcanique et ­dépressif, c'était une fière croqueuse de vie. Elle trouvait, comme Madame Marguerite, que «la vie est une connerie», mais elle la prenait sans tricher. Personne ne l'a dit mieux qu'elle: «Je suis vraie, tellement vraie!»

 

 

Filmographie :


2007 : Christian, de Elisabeth Löchen

2007 : Boxes, de Jane Birkin
2006 : C'est beau une ville la nuit, de Richard Bohringer

2006 : Le temps des portes plumes, de Daniel Duval
2005 : Caché, de Michael Haneke
2005 : Je préfère qu'on reste amis, de Olivier Nakache
2003 : Prophétie des grenouilles, de Jacques-Rémy Girerd 2002 : Epsteins Nacht, de Urs Egger
2003 : Paris, je t'aime de Bernardo Bertolucci et Seijun Suzuki
2002 : Les feux de la rampe, de Philippe Azoulay
2001 : Ceci est mon corps, de Rodolphe Marconi
2001 : Des fleurs pour Irma, de Eric Lacroix
2000 : La Pianiste, de Michael Haneke
1999 : T'aime, de Patrick Sebastien
1997 : L'Age de braise, de Jacques Leduc
1996 : Les Bidochons, de Serge Korber
1996 : Noces cruelles
1994 : Les Misérables, de Claude Lelouch
1993 : Les Braqueuses, de Jean-Paul Salomé
1992 : Portagli i miei saluti - avanzi di galera,
1991 : Toujours seuls
1990 : Merci la vie, de Bertrand Blier
1989 : Il y a des jours... et des lunes, de Claude Lelouch
1989 : Comédie d'amour, de Jean-Pierre Rawson
1988 : Cinq jours en juin, de Michel Legrand
1988 : The Legendary Life of Ernest Hemingway
1988 : Prisonnières
1984 : Adieu blaireau, de Bob Decout
1984 : Partir, revenir, de Claude Lelouch
1984 : Souvenirs, souvenirs, de Ariel Zeitoun
1984 : Liste noire, de Alain Bonnot
1981 : La Revanche, de Pierre Lary
1981 : La Vie continue, de Moshé Mizrahi
1981 : All Night Long
1980 : Une robe noire pour un tueur, de José Giovanni
1980 : Le Coeur à l'envers, de Frank Apprederis
1979 : On a volé la cuisse de Jupiter, de Philippe de Broca
1979 : L'Ingorgo - Una storia impossibile (Le grand embouteillage), de Luigi Comencini
1979 : Bobo Jacco, de Walter Bal
1979 : Cause toujours... tu m'intéresses
1978 : Le Cavaleur, de Philippe de Broca
1978 : La Clé sur la porte, de Yves Boisset
1978 : L'Amour en question, de Andre Cayatte
1978 : Vas-y maman, de Nicole de Buron
1978 : La Zizanie, de Claude Zidi
1977 : Tendre poulet, de Philippe de Broca
1977 : L'affaire
1977 : Le Dernier baiser de Dolores Grassjan
1977 : Le Point de mire de Jean-Claude Tramont
1977 : Jambon d'Ardenne, de Benoit Lamy
1977 : À chacun son enfer
1976 : Cours après moi que je t'attrape
1975 : D'amour et d'eau fraîche, de Jean-Pierre Blanc
1975 : Il pleut sur Santagio, de Helvio Soto
1976 : Docteur Françoise Gailland, de Jean-Louis Bertucelli
1975 : il Sospetto (le Suspect)
1975 : Le Gitan, de José Giovanni
1975 : Il faut vivre dangereusement, de Claude Makovski 1973 : Juliette et Juliette, de Remo Forlani
1974 : La Gifle, de Claude Pinoteau
1973 : Ursule et Grelu, de Serge Korber
1972 : Il n'y a pas de fumée sans feu, de Andre Cayatte
1972 : Les Feux de la chandeleur, de Serge Korber
1972 : Traitement de choc, de Alain Jessua
1971 : La Mandarine, de Edouard Molinaro
1971 : Elle cause plus, elle flingue, de Michel Audiard
1971 : La Vieille fille, de Jean-Pierre Blanc
1970 : Clair de Terre, de Guy Gilles
1969 : Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! de Michel Audiard
1970 : Mourir d'aimer, de Andre Cayatte
1970 : Les Novices, de Guy Casaril
1970 : La Storia di una donna, de Leonardo Bercovici
1969 : La Bande à Bonnot, de Philippe Fourastié
1969 : Seme dell'uomo
1969 : Un Homme qui me plaît, de Claude Lelouch
1968 : Metti una sera a cena (Disons un soir à dîner )
1968 : La Vie, l'amour, la mort, de Claude Lelouch
1968 : Dillinger è morto (Dillinger est mort)
1968 : Bice skoro propast sveta (Il pleut dans mon village), de Aleksandar Petrovic
1968 : Erotissimo, de Gérard Pirès
1967 : Les Gauloises bleues, de Michel Cournot
1967 : Vivre pour vivre, de Claude Lelouch
1967 : Zhurnalist (The Journalist)
1966 : Le Streghe (Les Sorcieres), de Pier Paolo Pasolini et Vittorio De Sica
1964 : Un monsieur de compagnie, de Philippe de Broca
1965 : Trois chambres à Manhattan, de Marcel Carné
1965 : Guerre secrète (The Dirty Game)
1965 : Una voglia da morirede Duccio Tessari
1964 : Déclic et des claques de Philippe Clair
1964 : Le Belle famiglie de Ugo Gregoretti
1964 : La Ragazza in prestito
1964 : Les autre femmes
1963 : La Bonne soupe, de Robert Thomas
1964 : Le Mari de la femme a barbe (La donna Scimmia), de Marco Ferreri
1963 : Les Camarades (I Compagni), de Mario Monicelli
1962 : Il Giorno più corto
1962 : Smog
1963 : Le Vice et la vertu, de Roger Vadim
1961 : Le Crime ne paie pas, de Gérard Oury
1961 : Le Bateau d'Emile, de Denys de La Patellière
1961 : Les Amours celebres, de Michel Boisrond
1961 : La Proie pour l'ombre, de Alexandre Astruc
1960 : La Française et l'amour
1960 : Rocco e i suoi fratelli (Rocco et ses frères), de Luchino Visconti
1959 : Recours en grâce, de Laslo Benedek
1959 : La Corde raide, de Dudrumet Jean-Charles
1958 : Le Désert de pigalle, de Leo Joannon
1957 : Maigret tend un piège, de Jean Delannoy
1957 : L'Amour est en jeu, de Marc Allegret
1957 : Le Rouge est mis, de Gilles Grangier
1957 : Reproduction interdite, de Gilles Grangier
1956 : L'Homme aux clefs d'or, de Leo Joannon
1955 : Treize à table, de André Hunebelle


 

 



28/02/2011
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